L'évolution de la profession de sage-femme
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A. Piquemal, S. Reingewirtz et F. Zantman (Igas)
L’exercice de la profession de sage-femme est centré sur le suivi de la grossesse, l’accouchement, les soins postnataux de la mère et de l’enfant, et le suivi gynécologique des patientes. Au fil des années toutefois, leurs missions ont fait l’objet d’extensions successives, conduisant à brouiller l’identité de ce métier. En outre, si les sages-femmes appartiennent aux professions médicales, leur régime de gestion les rapproche de facto des professionnels paramédicaux, et les place dans un ‘entre deux’ qui fragilise leur positionnement et leurs interactions régulières avec les autres professionnels du soin. Ce métier connaît ainsi une crise profonde qui s’est traduite par de fortes mobilisations sociales début 2021.
A la demande du ministre des solidarités et de la santé et du secrétaire d’État chargé de l’enfance et des familles, l’Igas a été missionnée pour analyser la situation et formuler des recommandations sur les missions, le statut (à l’hôpital) et la formation des sages-femmes.
La mission a eu de très nombreux entretiens avec les représentants institutionnels des différentes professions impliquées dans la prise en charge de la naissance – sages-femmes, gynécologues, obstétriciens, pédiatres et médecins généralistes ; elle a aussi rencontré près de 70 sages-femmes sur leurs lieux d’exercice au sein de maternités de tailles différentes dans quatre régions (Ile-de-France, Grand-Est, Hauts-de-France, Nouvelle-Aquitaine). Elle s’est également entretenue avec des représentants de la profession de sage-femme dans d’autres pays (Royaume-Uni, Danemark, Suède, Allemagne...), offrant une mise en perspective intéressante des pratiques.
Le rapport analyse précisément les difficultés auxquelles sont exposées les sages-femmes dans leur exercice quotidien et qui génèrent le profond malaise qu’elles expriment. La prise en charge de la grossesse et de la naissance exige une coopération, dans des conditions clarifiées, entre différents professionnels parmi lesquels les sages-femmes doivent occuper une place renforcée. C’est dans cette optique que le rapport formule ses recommandations.
Le rapport propose ainsi de :
- positionner les sages-femmes en premier recours pour les grossesses à bas-risque, afin de redonner de la lisibilité au parcours de soins des femmes ;
- clarifier les missions des sages-femmes et en conforter leur autonomie sur un ‘cœur de métier’ qui correspond à la prise en charge physiologique de la grossesse, en développant de véritables espaces physiologiques dans les maternités ;
- revaloriser les rémunérations des sages-femmes à l’hôpital en cohérence avec leurs responsabilités ;
- relancer et mener à son terme l’ancrage universitaire de la formation et de la recherche en maïeutique, à travers notamment la création d’un statut
"bi-appartenant" universitaire ; - développer l’exercice mixte, l’accès à la formation continue et l’aménagement des temps de travail pour améliorer les conditions concrètes d’exercice ;
- modifier substantiellement le cadre statutaire d’exercice à l’hôpital, afin d’apporter les réponses adaptées et précises sur les sujets précités, qui débordent à la fois du statut de la fonction publique hospitalière et du statut de praticien hospitalier.
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